LE MUSÉE DE PROXIMITÉ
Projet de fin d’étude à l’école nationale supérieure d’architecture de paris-malaquais - 2020
C’était juste au début du confinement ; il fallait rapidement se décider sur un sujet de diplôme, rapidement s’habituer au confinement, rapidement commencer à faire des maquettes et des coupes. Et j’étais encore perdue entre les monuments aux morts, les souvenirs, les hommages et les musées.
Confinée à Méréville, je prenais la voiture tous les jours pour aller à l’Intermarché. C’est là que j’ai commencé à voir puis à regarder les vitrines, vides, à louer, à vendre ou abandonnées. Il y en avait beaucoup dans le périmètre Covid-19. Je lisais à ce moment-là Comment la France a tué ses villes d’Olivier Razemon.
Ces vitrines délaissées et invisibilisées étaient peut-être la représentation architecturale de l’oubli et du désintérêt national. Elles ressemblent aux monuments aux morts que plus personne ne regarde. Elles sont semblables à ces artistes marginaux auxquels on a jamais accordé d’importance. Elles sont ubuesque parce que conçues pour présenter quelquechose et maintenant si vides. Je trouvais qu’il y avait là un point de rencontre entre tous ces thèmes qui me passionnaient et que j’avais devant moi un espace et objet problématique.
Sur la plupart des vitrines de Méréville, de Pussay ou d’Angerville, c’est le même numéro de téléphone qui est inscrit. J’appelle Dao Immobilier et leur explique que j’aimerai louer une vitrine vide pour mon diplôme d’architecture. On est encore en plein confinement et ils me donnent rendez-vous après le 11 mai. Les semaines sont longues et je commence à faire des plans sur la comète en imaginant m’installer dans les vitrines les plus vides de la région.
Je ne sais pas encore vraiment ce que je veux faire dans la vitrine. J’ai passé des semaines à rédiger mon mémoire de diplôme sur l’art brut et les musées mais maintenant je n’y crois plus vraiment. Les jurys m’ont souvent répété que s’intéresser au musée, c’est “comme faire un crématorium...”, que si je faisais un musée de province, “je n’aurai que des croutes”.. Le confinement a fondu mes derniers arguments et je cherche un sujet ; j’ai envie de parler de l’oubli, de l’hommage et j’ai envie de faire un projet à échelle 1, construit, réalisé et testé. Je ne suis pas très forte en 3D et j’apprends petit à petit à aimer les maquettes ; le seul moyen que j’ai de faire de l’architecture, c’est d’en faire en vrai, avec des tasseaux et du carton puisque je n’ai que ça sous la main et ça tombe bien puisque j’ai toujours imaginé mes projets en carton.
Le 12 mai, j’ai rendez-vous à 14h avec Nicolas Dao à l’agence de la place Tessier d’Angerville.
Sur la plupart des vitrines de Méréville, de Pussay ou d’Angerville, c’est le même numéro de téléphone qui est inscrit. J’appelle Dao Immobilier et leur explique que j’aimerai louer une vitrine vide pour mon diplôme d’architecture. On est encore en plein confinement et ils me donnent rendez-vous après le 11 mai. Les semaines sont longues et je commence à faire des plans sur la comète en imaginant m’installer dans les vitrines les plus vides de la région.
Je ne sais pas encore vraiment ce que je veux faire dans la vitrine. J’ai passé des semaines à rédiger mon mémoire de diplôme sur l’art brut et les musées mais maintenant je n’y crois plus vraiment. Les jurys m’ont souvent répété que s’intéresser au musée, c’est “comme faire un crématorium...”, que si je faisais un musée de province, “je n’aurai que des croutes”.. Le confinement a fondu mes derniers arguments et je cherche un sujet ; j’ai envie de parler de l’oubli, de l’hommage et j’ai envie de faire un projet à échelle 1, construit, réalisé et testé. Je ne suis pas très forte en 3D et j’apprends petit à petit à aimer les maquettes ; le seul moyen que j’ai de faire de l’architecture, c’est d’en faire en vrai, avec des tasseaux et du carton puisque je n’ai que ça sous la main et ça tombe bien puisque j’ai toujours imaginé mes projets en carton.
Le 12 mai, j’ai rendez-vous à 14h avec Nicolas Dao à l’agence de la place Tessier d’Angerville.
Je ne sais pas encore vraiment ce que je veux faire dans la vitrine. J’ai passé des semaines à rédiger mon mémoire de diplôme sur l’art brut et les musées mais maintenant je n’y crois plus vraiment. Les jurys m’ont souvent répété que s’intéresser au musée, c’est “comme faire un crématorium...”, que si je faisais un musée de province, “je n’aurai que des croutes”.. Le confinement a fondu mes derniers arguments et je cherche un sujet ; j’ai envie de parler de l’oubli, de l’hommage et j’ai envie de faire un projet à échelle 1, construit, réalisé et testé. Je ne suis pas très forte en 3D et j’apprends petit à petit à aimer les maquettes ; le seul moyen que j’ai de faire de l’architecture, c’est d’en faire en vrai, avec des tasseaux et du carton puisque je n’ai que ça sous la main et ça tombe bien puisque j’ai toujours imaginé mes projets en carton.
Le 12 mai, j’ai rendez-vous à 14h avec Nicolas Dao à l’agence de la place Tessier d’Angerville.
Le rendez-vous est l’occasion de tester pour la première fois une discussion en étant masquée. Je ne vois pas les traits de l’agent immobilier mais il saisit mon projet et me dit que le local de Pussay qui m’intéresse n’est pas praticable car le locataire du dessus pose problème et empêche chaque visite de se dérouler dans de bonnes conditions. Mais il a une proposition à me faire et m’emmène voir ce dont il s’agit. Nous traversons les stationnements en épi de la place Tessier et arrivons devant le numéro 9. Il s’agit d’un ancien salon de coiffure, fermé depuis plus de 25 ans.
J’avais déjà repéré ce local et en avait même fait une maquette.
Sur le trottoir large d’1,30mètre, monsieur Dao a du mal à ouvrir la porte à cause des centaines de prospectus qui se sont accumulés derrière.
Le local est sombre car les persiennes et les rideaux sont tirés.
Le mobilier (lavabos en marbre rouge, miroirs et rangements) est encore en place. Le rez-de-chaussée est divisé en deux espaces qui mènent sur une petite cour couverte donnant accès à 2 autres étages.
Nous visitons l’ensemble des pièces ; les papiers peints sont déchirés, les moquettes salies, les cheminées ont léché les murs ; tout semble couvert d’une fine couche de poussière sentimentale. Monsieur Dao m’explique que le propriétaire a refusé de vendre depuis plus de 25 ans et qu’il a cédé l’année dernière (pourquoi? il ne m’a pas répondu). Le salon a d’ailleurs déjà été vendu à une autre agence immobilière qui démarrera les travaux en septembre.
Mais pour m’intégrer dans une trame urbaine, il faut que je m’y fasse accepter. Et, après avoir discuté avec l’agent immobilier et les commerçants dont les locaux sont encore ouverts, je décide de prendre rendez-vous avec le Maire d’Angerville.
La Mairie télé-travaillant, il est difficile de joindre Monsieur Mittelhauser m’assure sa sécrétaire, qui me fixe un rendez-vous dans 10 jours. Je patiente à nouveau et continue d’avancer sur le projet, en imaginant naïvement que j’aurai toutes les autorisations possibles et imaginables.
Le jour du rendez-vous, monsieur Le Maire n’a finalement pas le temps de recevoir mon appel et sa secrétaire me propose un autre créneau dans une semaine ; je m’obstine car sans cet appel, le projet est encore bloqué. Je parviens finalement à présenter mon projet au Maire qui m’accorde quelques instants. Mon projet de musée ne l’intéresse pas et il me fait simplement savoir qu’il ne m’autorise pas à me brancher sur les bornes d’électricité du marché, qu’il ne peut en aucun cas me fournir de l’aide matérielle (je demandais s’ils avaient une échelle à la mairie que je puisse emprunter) et surtout que si je veux ouvrir mon espace au public alors il faudra le remettre entièrement aux normes. Il me communique alors le numéro de la responsable Urbanisme d’Angerville que je parviens à joindre dans la foulée. Mme Sohier m’explique que, effectivement, il faut déposer un dossier d’urbanisme (AT – CERFA 13824) comprenant un dossier d’accessibilité et un dossier sécurité, qui seront que traité dans un délai de 4 mois. Le dossier d’accessibilité va être difficile à établir puisque pour commencer, la porte de l’ancien salon de coiffure mesure 70cm et n’est donc pas praticable pour les PMR. Il faudrait alors la refaire, ce qui implique de casser la façade et les deux vitrines. Elle refuse de m’autoriser à déborder sur le trottoir ne serait-ce que pour y mettre un panneau d’information.
Il s’agit alors d’un projet architectural critique mettant en évidence certaines absurdités du monde législatif, mais qui les prend toutes en considération en les appliquant à la lettre.
En voulant respecter les règlementations urbanistiques, je vais même jusqu’à respecter les exigences sanitaires à l’ère post-Covid 19. En effet, si l’espace est visitable sans y pénétrer alors il peut rester ouvert lors d’une prochaine pandémie. Peut-être que là réside la solution pour tous les lieux publics : qu’ils ne soient jamais physiquement accessibles au public, afin de limiter drastiquement les risques de propagation de virus inconnus.
Donc, si je ne peux pas faire rentrer du public, je peux cependant exploiter les deux vitrines dont je dispose pour rendre visible l’espace interdit au public. Lorsque j’imaginais la transformation de l’espace intérieur, je considérais la salle du fond, qui dispose elle aussi d’une vitrine, comme la salle d’exposition principale. Il faut alors que je trouve un dispositif architectural qui permette de visiter cet espace depuis le trottoir.
Il s’agit alors d’un projet architectural critique mettant en évidence certaines absurdités du monde législatif, mais qui les prend toutes en considération en les appliquant à la lettre.
En voulant respecter les règlementations urbanistiques, je vais même jusqu’à respecter les exigences sanitaires à l’ère post-Covid 19. En effet, si l’espace est visitable sans y pénétrer alors il peut rester ouvert lors d’une prochaine pandémie. Peut-être que là réside la solution pour tous les lieux publics : qu’ils ne soient jamais physiquement accessibles au public, afin de limiter drastiquement les risques de propagation de virus inconnus.
Pour cela, je décide de diviser l’endroit en 3 espaces et programmes différents, tous accessibles et conçus pour être vus et vécus depuis le trottoir.
3 espaces car il y a 3 vitrines (2 extérieures et la vitrine intérieur qui divise le salon en deux).
Je vais construire, depuis la vitrine de gauche, un tunnel visuel, composé de lentilles et de miroir convexe, qui permet au visiteur de voir ce qui se passe à l’extrémité du local, dans la « salle du fond ».
Le seuil de la porte sera le hall d’accueil où je serai placée lors des horaires d’ouverture afin de présenter le projet et d’en expliquer le fonctionnement.
La vitrine de droite sera, quant à elle, consacrée à la collection, disposée sur un volume occupant l’intégralité de sa surface volumétrique.
Pour la structure du tunnel, je profite d’un rendez-vous avec Tom Gray, ingénieur, pour demander quelques conseils.
Les matériaux employés seront ceux que j’emploie habituellement, c’est-à-dire, le tasseau et le carton.
Le carton a de très nombreuses qualités ; résistant, il bénéficie de propriétés techniques comparables à celles du béton ; son inertie empêche les déformations telles que le fléchissement (pour une poutre), le flambage (poteau) ou le vrillage (pour les structures plus complexes).
Flexible, transformable et pas cher, le carton est brut et trouvable partout. C’est le seul matériau dont je disposais pendant le confinement, en allant me ravitailler quotidiennement à l’Intermarché de Méréville.
Car Nous sommes pauvres et non pas riches, comme l’écrit Josef Albers.
Et comme le dit Thomas Hirschhorn, le carton revêt un caractère pamphlétaire antibourgeois, éphémère et nomade. Ce dernier aspect est très important pour l’état d’esprit et la temporalité qui m’importent dans ce projet.
Pour que le projet fonctionne, il faut, je pense, lui accorder plusieurs semaines d’existence mais pas nécessairement plus longtemps.
Les matériaux que j’emploie correspondent à cette posture. Dans mon mémoire Ne pas oublier de se souvenir, j’avais émis l’hypothèque que seul un monument éphémère et fragile remplirait le devoir de mémoire et qu’il ne fallait surtout pas confier aux pierres la mission du souvenir.
Il en va de même, selon moi, pour les musées et autres institutions destinées à archiver des existences et des productions.
Cette forme est temporaire, c’est pour cela qu’on ne se préoccupe guère de sa « Beauté ». Il est important de témoigner! Témoigner son amour, son attachement. Ces Autels profanes ont, à cause de leur précarité, une grande force plastique et dégagent beaucoup d’énergie visuelle. Ils sont sans qualité mais ils appliquent la faiblesse comme stratégie, implacablement. Thomas Hirschhorn
Lors de mon rendez-vous avec M. Dao, M. Mitellhauser et Mme. Sohier, j’ai dû expliquer la temporalité de mon projet : environ une semaine de travaux et ensuite, idéalement, un mois d’occupation du local. Mon projet est temporaire et c’est, en tant que future architecte, ce qui me semble le plus cohérent.
En 2020, continuer de proposer de l’architecture figée, définitive et boursoufflée de fatuité est obsolète, écrit Mathieu Poitevin dans le numéro de L’Architecture d’Aujourd’hui paru en mars.
Sans tomber dans les clichés du « c’était mieux avant », il est aujourd’hui compliqué de penser un projet sur du très long terme ; à l’heure du réchauffement climatique, des déplacements de population, des pandémies et confinements, comment peut-on imaginer un projet qui ait du sens ne serait-ce que dans 50 ans? En tant qu’architectes, il est urgent de freiner les envies débordantes des constructeurs et de regarder à nouveau ce qu’on a déjà construit puis mis de côté.
Un projet temporaire correspond à ma vision actuelle de l’architecture contemporaine ; je veux penser et construire un musée de proximité temporaire, précaire et fragile pour qu’il soit facile et rapide à ériger, accessible et pertinent.
Je dois maintenant expliquer ce que je souhaite faire dans cet espace ; et pourquoi je suis revenue à ma première idée pour le diplome : faire un musée.
Je vais vous maintenant vous présenter le Musée de Proximité. Et tout d’abord, un élément semble indiscutable : pour faire un musée, il faut une collection.
Avant d’entamer cette partie consacrée au contenu du projet, je voudrais simplement souligner que lorsque j’ai proposé de re-penser l’institution muséale, j’ai été confrontée quasi systématiquement à des commentaires de la sorte ; « un PFE sur un musée, c’est comme un PFE sur un crématorium » / « si tu fais un musée en province, tu vas te retrouver qu’avec des croûtes » / « le risque, c’est que tu fasses un musée pour les petits peintres du dimanche » / « pourquoi est-ce que tu veux mettre au bûcher les petits artistes dont tout le monde se fout »,.. La liste est longue et ces arguments m’ont souvent bloqué, car effectivement l’institution culturelle ne semble pas propice à la transformation et à l’expérimentation.
Si je suis inscrite en AAP, c’est car le sous-titre, Laboratoire du réel, me fait sens, et qu’il me semble que si je n’expérimente pas moi-même en étant étudiante, je n’aurai qu’une vision biaisée de la réalité plus tard.
Je maintiens donc ma volonté de penser un musée différent et je suis prête à assumer les directions que le projet pourrait prendre. Dans ce cas, je pourrais tirer empiriquement mes propres conclusions.
Pourquoi maintenir le mot musée et ne pas choisir « centre culturel », « pinacothèque » ou « galerie »?
Car il me semble que seul le mot « musée » fait le dedans et le dehors, et que les autres termes désignent une autre entité architecturale, avec d’autres programmes et problématiques, que celle que je souhaite questionner.
Le mot « musée » est d’ailleurs ré-apparu d’une manière étonnante sur le devant de la scène le 28 avril 2020, durant l’allocution du Premier Ministre Edouard Philippe, lors de l’annonce de la réouverture des « petits musées ». Je me suis dit qu’il y avait là une nouvelle typologie intéressante à valoriser.
J’ai du mal à me faire à l’idée que l’architecture n’aime pas tout ce qui est petit (entendu en correction) et j’aimerai ici faire comprendre mon intérêt profond pour l’ordinaire.
Toute ma réflexion sur l’art brut est basée sur une passion pour les productions qui n’ont jamais été pensées dans une stratégie commerciale ; pour les choses faites avec simplicité et spontanéité ; pour les hommes et les femmes, (les « petites gens » comme les appellent les parisiens) qui ont trouvé une technique à travers laquelle ils peuvent s’exprimer plastiquement.
Si je suis convaincue que le musée ne suffit plus pour accueillir des productions hors-normes, autodidactes ou marginales, alors je veux concevoir un espace d’exposition qui me permette de donner une forme spatiale et matérielle à mes préoccupations, et de les faire découvrir à un public.
Je veux penser un espace muséal qui ne soit pas qu’une structure de classement, d’ordonnancement et de violence ; et qui puisse être ouvert à tous et à tout.
La baguette de pain du centre-bourg ne nourrit pas seulement au sens propre. Elle alimente aussi la rencontre impromptue, le lien social. Olivier Razemon
Si je parle de « musée de proximité », c’est parce que je cherche à créer la rencontre et la discussion autour d’un objet extra-ordinaire. Je veux générer une activité sociale qui rassemble un public ; pas de manière formalisée ; mais en épousant les contours du quotidien, avec des expériences très accessibles.
Et, après avoir obtenu un local disposant de vitrines, après avoir dessiné et construit sa transformation programmatique, il me faut désormais une collection.
N’oublions pas que le musée est d’abord un lieu vide, que l’on remplit graduellement.
Le musée de proximité a la particularité de prendre place dans un espace fermé depuis longtemps et que le projet va permettre de donner vie à deux éléments antagonistes ; le musée et la vitrine vide.
Pour constituer la collection du musée, j’ai donc cherché les solutions à ma portée, en commençant par placarder dans tous les commerces de proximité, des affiches « MUSÉE CHERCHE OEUVRES ». Les premières réactions furent étonnées et enthousiastes.
Lors des premiers jours de travaux sur place, une petite dizaine de riverains sont venus me rendre visite, curieux et intrigués de voir la porte du salon de coiffure ouverte. Dès que quelqu’un passe sa tête par la porte, je lui explique le projet et lui propose de ramener ce qu’il considère être une oeuvre afin de constituer un catalogue inconnu d’objets peuplant l’espace. Cette collection à construire est fondamentale pour moi car j’y vois l’occasion de mettre en pratique cette citation de Duchamp : C’est le regardeur qui fait le tableau. J’aimerai que, pour une fois, on ne demande d’avis à personne, ni aux critiques d’art, ni aux historiens d’art, ni aux commissaires d’exposition patentés ; et qu’on change le regard sur ceux qui font qu’un objet devienne une oeuvre d’art. il s’agit d’accepter toutes les propositions des riverains, des habitants, des visiteurs qui vont dans le sens d’une confrontation et d’un questionnement de la place de l’art aujourd’hui et ici.
J’ai besoin de comprendre ce qu’est l’art ; j’ai besoin que vous me montriez de l’art.
L’objectif est-il d’attirer du public? Non car ce n’est pas parce qu’il y a du public que ça marche ; et ce n’est pas parce qu’il y a pas de public que ça marche pas.
A l’heure où j’écris ces lignes, voici comment j’imagine le protocole d’exposition : chaque jour, une oeuvre est exposée dans la « salle du fond » et est visible grâce au périscope géant ; à la fin de la journée, l’oeuvre rejoint la collection située dans la vitrine de droite et est exposée avec les autres jusqu’à la fin de l’installation. C’est un processus d’accumulation et d’exposition qui me fait penser au collectionneur Joachim Olender, dans le documentaire La Collection qui n’existait pas, où il explique qu’il n’expose jamais ses oeuvres et les sort de temps en temps pour un dîner, et ensuite les range. J’aime que l’oeuvre ne soit jamais exposée éternellement et qu’elle ne devienne ainsi jamais une « décoration ».
Avec un tel protocole, toute personne qui me visite ou me contacte devient un agent potentiel de transformation ; je ne définis pas l’issue mais j’établis plutôt différentes conditions de départ.
Je dois constamment repenser les questions que je pose. Comme beaucoup d’architectes, je ne fixe pas l’issue de mes recherches dès le départ, mais fais plutôt évoluer le projet -et moi-même- petit à petit et avec une certaine intentionnalité, en quelque chose d’autre. La crise est prévue (et jamais gaspillée). La friction préméditée constitue le moyen avec lequel je me force à changer. Le Musée ne suffit plus.
Voici ce que nous avons à vous offrir. La confusion guidée par un but bien précis. Gordon Matta-Clark
Jeudi 4 juin, les travaux démarrent enfin. La propriétaire d‘ElektroKdo accepte de brancher notre bobine d’électricité ; nous pouvons utiliser la scie sauteuse et recharger les batteries de la viseuse. Les matériaux et les outils sont simples ; je n’ai pas de grandes facultés de construction alors nous allons procéder par étapes et avancer empiriquement.
1. Dans un premier temps, nous construisons une structure pour le miroir convexe de 70cm de diamètre que j’ai trouvé sur Le Bon Coin. Il sera fixé dans le fond de l’espace pour que, à travers le “téléscope”, on puisse voir l’ensemble de la pièce. Ensuite, nous faisons des tests pour le téléscope.
2. La première version, avec un diamètre final de 70cm est bien trop grande. Nous réduisons de moitié le diamètre. À première vue, ça fonctionne mieux.
3. On ajuste petit à petit les 2 parties de la structure et, quand on est OK, on la consolide. J’aime tant cette esthétique faite d’assemblages et de choix empiriques.
Une fois que le “télescope” est lancé, nous commençons à installer les tasseaux qui viendront soutenir les parois de carton. Fred les place “à force” en fonction des deux diagonales que je délimite avec une ficelle. A 12h30, la voisine vient nous rendre la bobine : elle ferme. Je pars à la recherche d’un autre voisin coopératif. Nous pourrons nous brancher à 14h chez l’opticien.
Pour faire un test depuis le trottoir, je construis un socle fait de boîtes en carton sur lequel je place la première oeuvre : une trouvaille dans les ruines de l’ancien salon de coiffure.
Quand l’oeuvre est éclairée, ça fonctionne : c’est-à-dire, qu’on la distingue à travers le “télescope” ; la prochaine étape, c’est trouver des lentilles et les placer dans le tunnel.
À 17h40, la sécretaire de l’opticien vient nous rendre la bobine. Il va falloir terminer la journée sans électricité. On finit par la construction et la mise en place de la tablette pour le hall d’accueil.
Deux jours après, je retourne au Musée de Proximité pour prendre les mesures des structures afin d’en faire des dessins techniques.
Je commence à noter les rencontres que je fais pour les illustrer ensuite.
Les personnes qui s’arrêtent devant la porte sont toutes intriguées par la réouverture du local fermé depuis si longtemps.
Je reçois des encouragements et beaucoup de questions concernant le fonctionnement, le financement et le but de mon projet.
Vers 13h, une journaliste de « La République du Centre » m’appelle, elle veut écrire sur le Musée de Proximité, elle aussi a beaucoup de questions. Tout cela me motive encore plus.
Deux jours après, je retourne au Musée de Proximité pour prendre les mesures des structures afin d’en faire des dessins techniques.
Je commence à noter les rencontres que je fais pour les illustrer ensuite.
Les personnes qui s’arrêtent devant la porte sont toutes intriguées par la réouverture du local fermé depuis si longtemps.
Je reçois des encouragements et beaucoup de questions concernant le fonctionnement, le financement et le but de mon projet.
Vers 13h, une journaliste de « La République du Centre » m’appelle, elle veut écrire sur le Musée de Proximité, elle aussi a beaucoup de questions. Tout cela me motive encore plus.
Je commence à noter les rencontres que je fais pour les illustrer ensuite.
Les personnes qui s’arrêtent devant la porte sont toutes intriguées par la réouverture du local fermé depuis si longtemps.
Je reçois des encouragements et beaucoup de questions concernant le fonctionnement, le financement et le but de mon projet.
Vers 13h, une journaliste de « La République du Centre » m’appelle, elle veut écrire sur le Musée de Proximité, elle aussi a beaucoup de questions. Tout cela me motive encore plus.