LE CARNET DE REPORTAGES ILLUSTRÉS
EN GROS, CE SONT DES SCANNERS FAITS A L’IPHONE DE MES CARNETS, IL Y A DES ERREURS ET DES TACHES PARFOIS PARCE QUE JE NE LES RETOUCHE PAS.
IL Y A DES REPORTS DE VOYAGES, D’EXPOS, DE PIÈCES DE THÉÂTRE, DE MOMENTS DE VIE EN SOMME.


LUNDI 17 FÉVRIER 2020
“CONTES ET LÉGENDES” DE JOËL POMMERAT AUX THÉÂTRE DES AMANDIERS


Il fait déjà très chaud dans la salle : tout le monde se presse, c’est la dernière représentation de la pièce, prolongée de deux dates suite à son succès fulgurant.

Les critiques de la pièce sont bonnes : il paraît que c’est le jeu des acteurs qui est phénoménal, adolescents perdus entre la vie réelle et robotique.

Et c’est vrai, on s’y croirait et ça tient à peu de chose : à l’aide d’aucun élément scénique, mais par la seule présence de ces acteurs imitant des enfants, on se croirait en 2045, entourés d’êtres artificiels (attention, le mot « robot » est à proscrire, sinon on vexe les robots), fabriqués pour nous tenir compagnie, nous aider à faire les devoirs ou le ménage.

La pièce est rythmée d’une quinzaine de scènes dans lesquelles ont lieu de drôles de situations mêlant ces deux espèces d’êtres, faits et fabriqués pour vivre ensemble : scènes de la vie quotidienne, de la vie extra-scolaire ou de drames familiaux ; le spectateur est à la fois secoué par le langage des adolescents grossier, vulgaire, violent ; et l’absurdité quasi rationnelle de la compagnie proposée par ces amis électroniques. Pommerat signe une fable des temps modernes où les disques durs ressentent presque des émotions ; où les hommes doivent lutter pour affirmer leur musculinité  : où les robots doivent être réinitialisés pour s’intégrer dans les familles de seconde main. A la fois prophète et observateur, le dramaturge dépeint une société menaçante, parfois à 6 contre 1, qui ne sait plus tomber amoureuse, de qui? comment? et dont l’unique espoir repose sur ces innovations technologiques qui semblent inverser les rôles et être conçues pour enfin nous permettre, à nouveau, de ressentir des émotions.

Eclairés par la cage de scène, les acteurs sont dans la pénombre, leur visage dans l’ombre ; au fil du spectacle, il est difficile de discerner qui incarne qui ; nous assistons à un récit perturbant, mais parfois long et répétitif (certains scènes s’éternisent et on a envie de crier : on a compris!) ; reste la touche finale audacieuse, où le robot-star Eddy Rodriguez chante voix-codé « Mourir sur scène » de Dalida :

Moi, je veux mourir sur scène

C'est là que je suis née.

Et c’est bien ce qu’a réussi à faire là Pommerat : faire naître sous nos yeux une nouvelle catégorie de créatures, bien plus aptes que nous à sur-vivre puisque c’est bien cela, comme le dit Pommerat dans la pièce à travers la voix d’un être artificiel, qui définit l’intelligence : notre capacité à nous adapter.


FÉVRIER 2020
“CONTES IMMORAUX : LA MAISON MÈRE” DE PHIA MENARD AU THÉÂTRE DES BOUFFES DU NORD

  
  

JEUDI 30 JANVIER 2020
“HISTOIRE DE LA VIOLENCE” D’EDOUARD LOUIS MIS EN SCÈNE PAR THOMAS OSTERMEIER AU THÉÂTRE DE LA VILLE - LES ABBESSES

L’acteur est déjà sur scène quand nous entrons dans la salle. Le décor est simple : 4 chaises de salle d’attente, quelques tables garnis d’objets pratiques (bouteilles d’eau, thermos, micros) et une batterie.

Les quatre comédiens, formidables, interprètent à tour de rôle Edouard, Reda, la soeur, le beau-frère, les policiers, les médecins, le SDF, la mère.

Rapidement le dispositif scénique se dévoile : la caméra entre les mains des acteurs filme en direct la scène et retransmet sur l’écran géant derrière eux. Les interruptions filmiques au théâtre apparaissent parfois comme une porte de sortie facile, qui prolonge et augmente le potentiel de la scène, qui viennent ajouter une autre dimension. Les acteurs se filment entre eux ou eux-mêmes en plan serré, déclament leurs monologue face caméra et scrutent certains détails du décor.

Les arrêts sur image fixent le spectateur qui ne sait plus où regarder : l’acteur, celui qui le filme, les sous-titres de l’allemand? La mise en scène épuise et transforme le récit d’Edouard Louis en une chorégraphie haletante où toute la salle est prise à partie. Nous assistons à la révélation d’un drame mais nous y participons également : la narration s’amuse à jongler entre ses auditeurs ; l’interrogatoire est dirigé par le policier, par la soeur et puis par nous. Nous avons besoin de savoir et de comprendre ce qui s’est passé cette nuit du 24 décembre ; nous attendons la scène du viol qui surgit naturellement et sans fracas ; au milieu d’un tumulte d’injures, de gestes brutaux et de chorégraphies sensuelles, rythmés par la batterie de Thomas Witte.

Les interruptions chorégraphiques sont étonnantes et ne parviennent malheureusement pas à s’intégrer au récit, saccadé, à bout de souffle. Seul Reda semble réellement suivre le tempo et mener cette danse.

Il apparaît séducteur mais menaçant, ondulant dans sa tenue street blanche ; Edouard, quant à lui, est perdu entre ce qu’il croit avoir vécu et ce qu’il pense devoir avoué. Le spectateur doit faire le tri entre la fiction et la réalité : est-ce que tout cela a vraiment eu lieu? est-ce que cela est en train d’avoir lieu devant nous?

Edouard Louis admet lui-même, en citant Hannah Ahrendt, que l’enjeu est cette limite fine de perception et d’interprétation de la réalité. Je n’avais pas d’autre choix que de partir, puisque vous m’avez rejeté ; sa famille n’a pourtant jamais rejeté l’enfant a-normal mais il est plus facile d’être celui rejeté plutôt que celui qui rejette, il est plus facile de ne pas avoir à prendre de décisions, et les subir.

La pièce s’achève par une boucle : nous retrouvons l’acteur assis sur la chaise d’attente avec un spot de lumière braqué sur lui. Seul, à la recherche du médecin trop occupé à jouer aux cartes sur un iPad, Edouard reprend ses esprits, après avoir tout confessé, maintes fois et à tous les interlocuteurs disponibles.

La salle est à bout de souffle, à la recherche de Reda dont la respiration justement avait fasciné Edouard : j’aimais jusque sa respiration, que j’aurai voulu prendre dans mes mains et étaler sur mon visage. La citation est retranscrite de mémoire et donc certainement peu précise mais c’est de cela qu’il s’agit dans Histoire de la violence, d’une narration changeante, transformée au fil des écoutants et s’adaptant à la sensibilité de chacun.

Le titre puissant reste en tête : la majuscule du H fait autorité. Sur le chemin du retour vers Montreuil, je me demande ce qui aurait changé si Edouard Louis avait mis un S : Histoires de la violence. Thomas Ostermeier accentue la pluralité du récit grâce à la mise en scène : Edouard n’est pas le seul au centre ; chaque personnage trouvent une manière de s’engouffrer dans la violence sexuelle mais aussi au coeur de la violence historique et politique. Edouard Louis dépeint un drame personnel et social, comme un appel au secours désespéré et perdu d’avance et entraîne le spectateur avec lui dans cette course tragique contre l’oubli.


SEPTEMBRE 2019
“FARM FATALE” DE PHILIPPE QUESNE AU THÉÂTRE DES AMANDIERS

  
  

SEPTEMBRE 2019
LA BIENNALE DE LYON

         
JUILLET 2019
LES RENCONTRES DE LA PHOTOGRAPHIE - ARLES
SEMAINE D’OUVERTURE DE LA 50EME EDITION
J’AI ACCOMPAGNÉ RED LEBANESE (QUENTIN ET PABLO), INVITÉS À EXPOSER À TEMPLE ARLES BOOKS. IL A FAIT TRÈS TRÈS CHAUD MAIS ON A QUAND MÊM

  JUIN 2019
ATELIER DE DANSE AVEC DES HANDICAPÉS MENTAUX
LA BERGERIE BOURGOGNE

  
JUIN 2019
PQ - QUADRIENNALE DE SCENOGRAPHIE DE PRAGUE
ON EST PARTI 4 JOURS AVEC RAFAEL MAGROU, NOTRE PROF DE PROJET SCENOGRAPHIQUE VISITER PRAGUE ET LA QUADRIENNALE
ON A DORMI DANS UNE AUBERGE DE JEUNESSE, DEJEUNÉ À L’AMBASSADE FRANÇAISE ET BU DES BIÈRES TCHÈQUES BIZARRES. REPORT QUOTIDIEN. 


    
 
MAI 2019
CONFÉRENCE DE GILLES CLÉMENT
C’ÉTAIT À L’ÉCOLE, L’AMPHI ÉTAIT REMPLI. J’AVAIS PROPOSÉ À MA MÈRE DE VENIR, ELLE EST ALLÉE LUI PARLER APRÈS, ILS SONT DEVENUS TRÈS COPAINS ET S’ENVOIENT DES GRAINES DU CHILI.
 

AVRIL 2019
AMALGAM - THEASTER GATES
PALAIS DE TOKYO
TROP TROP BELLE EXPO, DES SÉLECTIONS D’OBJETS JUSTES ET UNE SCÉNOGRAPHIE LÉGÈRE. GÉNIAL.

  MARS 2019
ÇA C’EST UNE FICHE DE LECTURE DE “QUI A TUÉ MON PÈRE” D’EDOUARD LOUIS
J’AI UNE TRÈS MAUVAISE MÈMOIRE ALORS IL FAUT TOUT NOTER ET RELIRE SOUVENT

AVRIL 2019
CONCERTS DE MOHAMED LAMOURI AU CHKOUN FESTIVAL (<3) ET DE MEHDI BESNAINOU DANS L’EXPO 100% PRO À LA VILLETTE
ÇA ME DONNE ENVIE DE DESSINER DES CONCERTS, JE M’OBSTINE AVEC CETTE IDÉE DE REPORTS DESSINÉS